Hidalgo candidate, son blabla et ses actes
Anne Hidalgo vient d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle à Rouen, ce 12 septembre.
Celle qui avait donc promis lors des municipales qu’elle ne serait pas candidate à cette élection vient donc de trahir, sans surprise, son engagement d’hier. Seule conseillère de Paris France Insoumise, je vais m’exercer à comparer les promesses de la candidate au bilan des actes de la maire de la capitale. Bref, sortons du blaba, de sa com’ lisse et analysons concrètement ce qu’elle incarne.
Hidalgo s’engage pour la planification écologique ?
Anne Hidalgo a annoncé un Plan pour décarbonner l’économie, réindustrialiser les territoires, aller vers les énergies renouvelables en 5 ans.
On se souvient de toutes les railleries des dirigeants PS contre Jean-Luc Mélenchon qui n’a cessé de défendre l’enjeu d’une planification écologique pour engager une réelle bifurcation globale de notre mode de développement.
On pourrait se réjouir de cette victoire idéologique mais hélas, au conseil de Paris de juillet dernier, la maire a annoncé qu’en cette nouvelle mandature municipale, elle renonçait à planifier ses investissements : il n’y aura pas de Programme d’investissement de mandature… Derrière la com’ sur les pistes cyclables, la maire de Paris a bétonné la capitale et réduit au lieu de les augmenter les espaces en pleine terre. Elle n’a eu de cesse de défendre les intérêts de Lafarge-Holcim, le n°1 du béton pour l’extension de sa centrale dans le 15e. Sans oublier son refus de mettre un terme en 2016 à la convention pour le sable de Paris plages alors que Le Monde avait révélé que l’entreprise n’avait pas hésité à financer Daesh…. Enfin, qui peut être assez naïf pour croire que les Jeux Olympiques qu’elle a toujours soutenus auront un bon bilan écologique ? Celles et ceux qui luttent contre la destruction des jardins ouvriers d’Aubervilliers ainsi que l’ensemble des sites prévus pour les constructions pharaoniques des JO apprécient…
Hidalgo, candidate LVMH et non de la redistribution des richesses
Anne Hidalgo a annoncé l’ouverture de négociations dans toutes les branches pour augmenter les salaires et les entreprises seront encouragées à distribuer une plus grande part de leurs richesses aux salariés.
“Encourager ?” On dirait du Bruno Lemaire ! Comme si en l’absence de contraintes la redistribution des richesses pouvait avoir une chance de voir le jour ! Décidemment, la candidate PS reste sur cette orientation sociale démocrate totalement convertie au social libéralisme.
Comment oublier que le 6 juillet dernier, quand ATTAC avait engagé une action non violente contre LVMH, le groupe du premier milliardaire, pour dénoncer les profiteurs de crise qui se sont gavés pendant que la pauvreté ne cesse d’augmenter, la maire de Paris a pris la défense du milliardaire et dénoncé un acte de vandalisme pour de la peinture à la gouache. Quand Hollande promettait que son ennemi serait la finance avec la suite qu’on connait, que personne n’en doute : les financiers sont les amis de la maire candidate, de la gauche LVMH anti gouache ! D’ailleurs, dès lundi 13 septembre, elle s’est avérée incapable de répondre à la question d’un auditeur de France Inter sur sa volonté ou non de rétablir l’ISF…
Hidalgo, candidate de la démocratie mais contre la 6ème République
Anne Hidalgo a d’ores et déjà annoncé dans des interviews antérieures, qu’elle n’était pas favorable à une 6ème République et encore moins à une constituante.
Quand elle annonce que “mon quinquennat sera l’aboutissement d’une République décentralisée”, aucun espoir d’un changement réel des règles du jeu. On se souvient de son mépris des gilets jaunes et de leur recendication en faveur du RIC (Référendum d’Initiative citoyenne). C’est vrai qu’à Paris, la démocratie reste du citizen-washing et que la concertation est l’éternelle absente des gros dossiers déterminants pour la vie des parisien.ne.s.
1er renoncement : sa promesse de doubler le salaire des enseignants aux oubliettes
La semaine dernière elle avait promis de doubler le salaire des enseignants, promesse d’une démagogie inouïe : il est urgent de dégeler le point d’indice des fonctionnaires et de revaloriser les salaires des enseignants si loin derrière quand on compare aux autres pays de l’OCDE, mais aussi d’augmenter les effectifs après toutes ces années de suppressions de postes. Félicitons-nous néanmoins, bien qu’elle ait été absente de toutes les mobilisations sociales des fonctionnaires, qu’elle déclare vouloir “que les professeurs, les soignants, les policiers, gendarmes, soient enfin considérés. Leurs salaires seront augmentés, leurs conditions de travail améliorés.” Mais en tant que maire de Paris, employeuse de plus de 50 000 agents, quelle est sa réelle politique salariale ? Elle a toujours refusé d’améliorer réellement les grilles indiciaires des agents et donc d’augmenter leurs salaires et notamment pour améliorer les déroulés de carrière des catégories C et des professions féminisées qui sont toujours moins payées, sans parler de la souffrance au travail de tant de services publics en sous effectifs, des crèches, EHPAD, parcs et jardins, bibliothèques, etc.
Par ailleurs, rappelons-lui que la Ville de Paris salarie des enseignants, qu’il s’agisse des Professeurs de la ville de Paris qui interviennent dans les écoles, des professeurs des conservatoires, des professeurs de l’école du Breuil ou des professeurs des cours pour adulte.
Les professeurs de la ville de Paris qui sont au nombre de 765 sont une exception en France. Ils sont présents dans les 340 écoles élémentaires publiques de la capitale . Ils exercent dans trois disciplines : en éducation musicale, en arts visuels et en éducation physique et sportive. Ils ont un statut correspondant à celui de professeur des écoles. Depuis 2013, ils demandent que leur soit versée la prime ISAE (Indemnité de Suivi et d’Accompagnement des Élèves), touchée par les professeurs des écoles. Cette prime, d’un montant initial de 400 euros annuels, a été revalorisée en 2016 à 1200 euros annuels. Et depuis 8 ans, les syndicats des professeurs de la Ville de Paris se mobilisent pour que la Ville de Paris leur verse cette prime. Les négociations viennent d’aboutir à l’été 2021 mais ne débouchent que sur une prime de 900 euros annuels (au lieu des 1200 euros versés aux professeurs des écoles)… L’avantage de l’annonce blabla de la candidate, c’est qu’elle devrait raviver les mobilisations des agent.es pour exiger de la maire de passer aux actes !
Hidalgo, une candidate pour défendre l’hôpital public ?
On s’étrangle l’entendre dire qu’elle soutiendra “l’hopital public, les maisons de retraite. Je mettrai fin aux déserts médicaux.”
Présidente de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP), elle a co-élaboré le projet de privatisation d’un tiers de l’hôtel-Dieu pour notamment un restaurant gastronomique, elle ne s’oppose pas au projet de fusion/fermeture des hôpitaux Bichat et Beaujon au profit du grand hôpital Nord, malgré les suppressions de postes et de lits à la clé. Concernant les EHPAD parisiens en sous nombre et peu de publics, la souffrance des personnels et des résidents n’a jamais été prise en compte par la municipalité.
Hidalgo, candidate pour “pour offrir un avenir à tous nos enfants”, vraiment ?
En tant que maire de Paris, elle avait tenté de supprimer les colonies de vacances Arc-en-ciel et c’est la mobilisation des parents que j’avais soutenue qui avait réussi à empêcher ce désastre. Aussi, sa politique en matière d’Aide sociale à l’enfance est loin de respecter les obligations du département. De nombreux jeunes mineurs isolés se voient contester leur minorité et sont laissés à la rue pendant leur recours, au mépris de la convention internationale des droits de l’enfant. Et un grand nombre de jeunes suivis par l’Aide Sociale sont abandonnés dès qu’ils soufflent leur 18 bougies alors que le département pourrait bien plus prolonger ses prises en charge par des contrats jeunes majeurs jusqu’à leur accès à l’autonomie.
Pour l’instant, une candidate sans réel programme….
Dans son discours, la candidate a surtout listé des thèmes, ne pouvant cacher que le PS n’a toujours pas de programme alors que l’on est à moins de 9 mois de l’échéance ! Mais promis, tout le monde participera au projet…
En attendant, ses actes à Paris ont montré que la gentrification s’y est exacerbée, témoignant d’un mépris des quartiers populaires et les ouvriers et employés qui représentaient 36% de la population parisienne ne sont plus que 20% alors qu’ils représentent 50% de la population active sur le territoire nationale. Elle a accentué nombre de privatisations, permettant aux grands intérêts privés de se déployer sur la capitale comme jamais. Et son bilan écolo reste celui d’une grande bétonneuse.
Finalement, elle n’incarne qu’une candidate du système de plus, sans aucune mesure de rupture.
Nous, nous n’avons pas attendu et le candidat de l’union populaire, Jean Luc Mélenchon, a d’ores et déjà un projet solide, l’Avenir en Commun dont les principales propositions sont majoritaires à plus de 88% des françaises et des français !
Il y a en effet comme une hypocrisie dans l’air !