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Mes dernières actualités
6 janvier 2025La démocratie n’est pas un frein à la mise en oeuvre de projets industriels ! Au contraire, elle garantit leur conformité à l’intérêt général écologique !
En tant que membre désignée pour représenter l’Assemblée nationale au sein de la Commission Nationale du Débat Public, j’ai écrit au Premier Ministre François Bayrou pour l’interpeller sur le projet de décret qui supprime l’obligation de débat public via la Commission Nationale du Débat Public pour les projets industriels.
Retrouvez mon courrier ci-dessous ! [...]
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6 janvier 2025En tant que députée du 20e, je sais que vous êtes partagés entre inquiétude et colère face à la crise profonde que traverse notre pays. Après la dissolution de l’Assemblée voulue par Macron, les électrices et électeurs ont voté massivement pour faire barrage à l’extrême-droite et ont placé le Nouveau Front Populaire en tête. Dans le 20e, vous m’avez réélue à plus de 74%, malgré la décision de la France insoumise de me retirer l’investiture, et je vous en remercie de nouveau.
Cette victoire du Nouveau Front Populaire n’a pas été respectée. Macron, en nommant Barnier, a préféré se compromettre avec le Rassemblement national plutôt que de changer de politique. Avec Bayrou, il prend le même chemin, et risque d’aboutir au même résultat : la censure. Que Macron respecte enfin la démocratie ! Il faut en finir avec Ve République qui accorde tant de pouvoir à un homme seul, qui bien qu’ayant perdu les précédentes élections, peut se maintenir au pouvoir et imposer à coup de 49-3 sa politique si massivement rejetée.
Face aux inégalités et aux licenciements qui explosent, nos services publics qui craquent et à la crise écologique qui s’aggrave, l’urgence est bien de changer radicalement de politique.
Avec toutes les forces du NFP, nous continuons d’exiger le respect de la démocratie par la nomination d’un ou d’une 1er Ministre issu de notre coalition. Avec le groupe écologiste et social, nous défendons une nouvelle méthode, consistant à dégager des majorités texte par texte afin notamment d’abroger la réforme des retraites à 64 ans et dégager les recettes nécessaires, en taxant les super riches et les super profits des grandes entreprises, pour répondre aux besoins sociaux et écologiques.
Plus que jamais, le NFP doit rester uni. Ne tombons pas dans le piège de Macron qui veut briser cette unité. Et faisons vivre le NFP partout, impliquons-nous dans les assemblées locales comme il en existe dans le 20e, notamment pour travailler dès maintenant à une candidature commune pour la prochaine élection présidentielle, pour empêcher le RN d’accéder au pouvoir et enfin changer nos vies et répondre aux urgences.
Pour célébrer la nouvelle année ensemble, j’ai le grand plaisir de vous inviter une nouvelle fois à la Flèche d’Or pour mes voeux le lundi 20 janvier à 19h. [...]
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13 décembre 2024Le NFP ne doit pas tomber dans le piège de Macron et être lucide sur l’impossibilité de gouverner avec ceux qui ont fait la retraite à 64 ans, qui imposent une saignée budgétaire sans précédent et qui continuent leurs cadeaux aux ultra-riches. La Vème République est morte, le NFP doit donc proposer une nouvelle méthode pour gouverner.
Cliquez ici pour lire la suite de cette note sur mon blog Mediapart ! [...]
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4 décembre 2024Compte-rendu de l’audition des historiens Gilles Manceron, Alain Ruscio et Jean-Pierre Peyroulou dans le cadre du groupe de travail sur les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, composé de Karim Ben Cheikh (EcoSoc), Idir Boumertit (LFI-NFP-, Elsa Faucillon (GDR), Fatiha Keloua-Hachi (PS), Abdelkader Lahmar (LFI-NFP), Sabrina Sebaihi (EcoSoc) et Danielle Simonnet (EcoSoc).
« Je vous ai donné dix ans de paix mais tout doit changer en Algérie »
Tels sont les mots du général Duval, responsable des massacres du 8 mai 1945 dans le Constantinois algérien. Cette phrase permet d’illustrer le rôle du 8 mai 1945 dans l’histoire plus longue de l’indépendance de l’Algérie, ainsi que la nécessité de le reconnaître. Ce massacre colonial, par sa violence, peut avoir scellé le destin de l’indépendance de l’Algérie dans une lutte armée, pouvant avoir été perçue comme la dernière voie restante face à la répression brutale et sanglante de militants nationalistes algériens pacifiques.
Les auditions de Gilles Manceron, Alain Ruscio et Jean-Pierre Peyroulou, historiens, par notre groupe de travail sur la reconnaissance de l’autre 8 mai 1945, ont permis de retracer le déroulé de ces massacres sanglants dont le nombre de victimes reste difficile à établir, mais sûrement compris entre 15 000 et 20 000 victimes selon Jean-Pierre Peyroulou et Gilles Manceron.
Il faut tout d’abord rappeler le contexte politique dans lequel les aspirations nationalistes algériennes vont s’exprimer, puis être durement réprimées. Alors que le monde est en guerre, le général de Gaulle fait reposer en partie sa stratégie de reconquête de la France métropolitaine et de réhabilitation de la France comme force alliée, vainqueure, et non comme force collaborationniste du régime nazi, sur l’empire colonial. Dans ce contexte, l’Algérie, pleinement intégrée à la France puisque composée de 3 départements, est un territoire clé du maintien de cet empire.
Pour autant, dans la même période, les aspirations à l’émancipation du peuple algérien, formulée dans le manifeste de la Liberté, écrit par Ferhat Abbas, partisan d’un réformisme colonial, et soutenu par Messali Hadj et son Parti Populaire Algérien (PPA), se font plus fortes. Le gouvernement provisoire de la République française essaye d’y répondre partiellement par une ordonnance de mars 1944 permettant aux musulmans d’Algérie d’accéder à la citoyenneté française.
Dans le même temps, ces aspirations vont être renforcées par la création de la Ligue Arabe au Caire en janvier 1945, qui va permettre de structurer l’affirmation de l’indépendance au niveau international de ses membres, ainsi que par la conférence de San Francisco et la création des Nations Unies qui vont condamner le colonialisme.
C’est dans ce contexte que, le 1er mai 1945, les militants nationalistes algériens se joignent aux cortèges de la journée internationale pour les droits des travailleurs, afin de réclamer la libération de Messali Hadj, disparu depuis le 23 avril. À Oran et Alger, où les forces de l’ordre sont en quantité suffisante, la sortie du drapeau du PPA, futur drapeau algérien, va donner lieu à une répression faisant plusieurs morts. Dans l’ouest algérien, dans le Constantinois, s’il y a des manifestations comme partout ailleurs, le manque de forces de l’ordre ne permet pas une répression équivalente.
Le 8 mai 1945, à l’occasion de la capitulation des nazis, les différentes forces militantes nationalistes vont se joindre aux cortèges de célébration. Cependant, cette fois-ci, à Sétif, un jeune scout de 26 ans, Bouzid Saâl, brandit le drapeau algérien et est tué d’une balle. La nouvelle de ce meurtre va se propager dans la région de Sétif, jusqu’à Kherrata. Alors que la paysannerie est déjà confrontée à un manque d’accès aux ressources vitales, la colère populaire va devenir explosive et conduire à des émeutes qui feront 102 victimes françaises.
Ces émeutes s’arrêtent très vite, mais pourtant, la répression ne cesse que le 19 mai 1945, soit 11 jours plus tard, durant lesquels l’armée est mobilisée, l’aviation va lâcher 41 tonnes de bombes, et le croiseur Duguay-Trouin va tirer 858 obus sur la région. Partout dans la région, l’armée, déchainée, va massacrer.
À Guelma, à 180 km de là, alors que l’information se propage à travers tout le Constantinois,
le sous-préfet de Guelma, André Achiary, va organiser une milice allant de 100 hommes selon J-P. Peyroulou jusqu’à 800 sur 1200 hommes adultes selon A. Ruscio, tous armés. Les événements de Guelma sont très différents puisque l’armée n’est pas déployée et que le sous préfet Achiary s’inscrit en dehors de la loi. A. Ruscio nous a parlé d’une véritable « Chasse à l’Arabe », expression revenant des récits de l’époque.
A partir du 8 mai 1945, cette milice va traquer tous les musulmans, français ou non, à l’exception de ceux travaillant dans l’administration. Selon J-P Peyroulou, des listes sont méthodiquement dressées à partir des fichiers de la CGT, des Amis du Manifeste de la Liberté (AML, partisans de Ferhat Abbas) et du PPA, afin de cibler en priorité les nationalistes. Selon A. Ruscio, c’est toute personne s’aventurant à l’extérieur de chez elle qui devient une cible pouvant être exécutée. Les personnes fuyant cette chasse sont retrouvées et emprisonnées, où elles seront jugées par un Tribunal improvisé, sans magistrats et dans l’illégalité la plus totale, et ordonnera l’exécution de 50 à 60 musulmans par jour. Il est difficile d’établir un bilan précis, mais Marcel Reggui, intellectuel français et musulman originaire de Guelma, mènera une enquête dans laquelle il estime qu’il y aurait eu 1500 à 2000 victimes, mais la crémation des victimes, dans les fours à chaux de Guelma, rend l’établissement d’un chiffre plus que compliqué.
Plusieurs éléments nous ont permis de constater l’existence d’exécutions sommaires. Tout d’abord, l’enquête d’une délégation du Parti communiste algérien mentionne :
« À l’assassinat de vingt-sept Européens ont fait suite des exécutions sommaires en grand nombre de musulmans douteux. L’exécution individuelle est tolérée. En plein centre de la ville, un Européen rencontre un Arabe non porteur d’un brassard, il le tue d’un coup de revolver. Nul ne proteste. Dans un jardin, un bambin cueille des fleurs, un sergent passe et le tue comme on fait un carton dans une fête foraine. Les Européens possèdent en fait le droit de vie et de mort sur les musulmans. »» (Roger Esplaas, Enquête, 15 mai 1945)
Il faut aussi se souvenir de ce témoignage que j’ai publié sur mon site internet où les oncles de la famille que j’avais rencontrés avaient été sommairement exécutés, et que deux mois plus tard, un télégramme adressé au Ministre de l’Intérieur mentionnait :
« Enquête judiciaire établira si les individus considérés seulement comme suspects n’appartenant pas officiellement à des organisations nationalistes étaient réellement dangereux »
Ainsi, ces auditions nous ont permis de comprendre l’existence de deux types de massacres différents. D’abord, à Sétif et Kherrata, la répression sanglante est organisée par l’armée, sous les ordres de Paris, contre un soulèvement faisant suite à la mort d’un jeune scout, ayant conduit à l’asssassinat de 102 français, dans un contexte économique marqué par une forte pénurie subie par les musulmans d’Algérie.
Ensuite, à Guelma, c’est une « subversion française », des mots de J-P Peyroulou, qui, face à l’angoisse des français d’une baisse de leur poid démographie et de leur perte en cours de la propriété foncière des européens, dans une région fortement nationaliste. Cette subversion va se traduire par la constitution d’une milice par un représentant de l’État, le sous-préfet Achiary, qui va tuer et massacrer des personnes présumément nationalistes, sans preuves avérées afin d’anticiper tout risque de soulèvement.
Il est intéressant de voir que si la répression s’arrête le 19 mai, le Gouverneur d’Algérie Chataigneau missionne le 18 mai le général de gendarmerie Paul Tubert pour enquêter sur les “évènements” de mai 1945 dans le Constantinois. Il arrive en Algérie le 24 mai, et n’arrivera que le 26 à Sétif, soit 7 jours après la fin des massacres. Le soir même, sur ordre de Paris, le Gouverneur rappelle cette mission qui mènera une journée d’entretiens à Constantine le 27 mai avant de rentrer à Alger le 28. Elle n’arrivera jamais à Guelma, et son rapport ne sera pas diffusé.
L’ensemble de ces éléments ne peut que nous amener à constater que nous sommes face à un crime d’État.
D’abord, dans la région de Sétif et Kherrata, l’envoi de l’armée et l’emploi de l’aviation et de la marine montre l’action coordonnée des forces armées, rendue possible par l’implication du gouvernement. Ensuite, le sabotage de la mission Tubert, qui ne permet pas de faire tout l’éclairage sur les massacres qui se passent dans le Constantinois, montre l’implication du Gouverneur, sous les ordres de Paris, dans la couverture de ces massacres.
À Guelma, la situation est différente, nous pourrions penser que le zèle du sous-préfet Achiary n’engage pas l’État. Pourtant, la hiérarchie ne suspend pas le sous-préfet. Pire, le préfet de Constantine, André Lestrade-Carbonnel déclare : « Les maquisards ont sauvé la France, vous avez sauvé l’Algérie, qui restera française. Je vous félicite et je couvre tout, même les sottises. ». Ni le préfet, ni le sous-préfet, ne seront relevés de leur fonction, alors que les massacres du Constantinois continueront à Guelma jusqu’à la fin du mois de juin. La mission Tubert étant sabotée, la menace de celle-ci ne permet pas d’inciter les miliciens à cesser leurs massacres, et ne permettra pas de rendre compte de ce qu’il s’est passé à Guelma.
Pour autant, ces auditions nous ont aussi permis de voir que chaque historien peut apporter des éléments, parfois contradictoires, ce qui montre bien la difficulté d’établir la vérité sur ces faits. G. Manceron a mentionné la difficulté d’accéder aux archives, notamment s’agissant du rapport Tubert. De la même manière, les archives militaires, soit en raison d’interdits légaux, soit d’un habitus des fonctionnaires militaires, peuvent cacher des coins d’ombre. Il conviendrait donc de les ouvrir totalement afin de permettre de faire la lumière sur ces événements, l’estimation du nombre de victimes et leur durée et sur le niveau de responsabilité de l’État et de l’armée, bien que celles- ci soient déjà bien avérées.
Retrouvez l’audition de Gilles Manceron et Alain Ruscio [...]
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9 octobre 2024Ce mercredi 9 octobre, le groupe de travail sur les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata du 8 mai 1945, composé d’Elsa Faucillon, Fatiha Keloua-Hachi, Sabrina Sebaihi et Danielle Simonnet, a auditionné M’hamed Kaki, président de l’association Les Oranges, et Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire spécialisé sur les questions ayant trait à l’histoire coloniale. Tous deux sont membres du Collectif national pour la reconnaissance des crimes coloniaux, à l’initiative d’un appel pour la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945 à l’occasion du 80e anniversaire de ceux-ci.
Cette rencontre a permis de poser les premières pierres d’un travail parlementaire dont les 4 objectifs ont été établis ainsi :
La reconnaissance de ces massacres comme un crime d’État.
L’ouverture totale des archives afin de rendre pleinement possible le travail des historiens et des familles.
La transmission dans les établissements scolaires et l’inscription aux programmes ainsi que dans les manuels d’histoire.
Un lieu de mémoire qui permettrait aux familles de se recueillir et d’informer la population sur ces massacres.
Le travail d’histoire a déjà en grande partie été réalisé par les historiens, mais ce crime d’Etat est très peu connu par la population et toujours pas reconnu en tant que tel par les autorités françaises.
M’hamed Kaki et Olivier Le Cour Grandmaison, ont rappelé l’enjeu historique de reconnaître une part sombre de l’histoire de France. Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata ont eu lieu dans un département français, sous les yeux des autorités françaises pour réprimer une aspiration à la Liberté et à l’Égalité, sans que les citoyennes et citoyens n’y consentent.
Reconnaître ces massacres comme partie prenante de l’Histoire de France, c’est aussi ouvrir la voie à une réparation. D’abord pour les victimes et leurs descendant-es, mais aussi pour toutes celles et ceux qui ont eu à subir la terreur de la colonisation, de l’humiliation jusqu’aux massacres. Et enfin, réparation pour toutes celles et ceux qui continuent aujourd’hui de subir le racisme systémique et l’islamophobie non sans lien avec ce passé colonial.
Afin d’atteindre ces objectifs de reconnaissance et de réparation, le groupe de travail s’est doté de plusieurs objectifs. Tout d’abord, l’audition d’historiens spécialistes de l’histoire de la colonisation et de ces massacres afin d’assurer au groupe de travail une meilleure connaissance de ceux-ci. L’audition de familles de victimes permettra aussi de mesurer l’ampleur du poids pesant sur les descendants, comme j’en avais déjà fait le récit dans un précédent article. Un déplacement en Algérie, dans la région de Sétif, Guelma et Kherrata, permettrait de poursuivre ce travail avec des historiens sur place, des familles de victimes, associations et journalistes avec un dépôt de gerbe symbolique d’une délégation de députés..
Nous espérons que ce travail donnera la matière nécessaire pour la constitution d’un grand colloque sur le sujet à l’Assemblée national, le dépôt d’un texte parlementaire, et des soirées débats en département pour partager la mémoire de ces massacres comme part de l’Histoire de France, et ainsi poursuivre ce travail vers la reconnaissance et la réparation. [...]
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25 septembre 2024“Si nous mourrons, c’est pour la liberté et non contre la France.”
Les derniers mots de Ali et Smail Abda, massacrés à Guelma le 16 mai 1945, suffisent à comprendre l’enjeu du combat pour la mémoire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata : le combat pour la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.
J’ai eu le plaisir de rencontrer leur nièce et leur neveu qui mènent, depuis plusieurs années, un travail d’archives considérable et qui ont souhaité me partager leur histoire familiale au cours de l’une de mes permanences parlementaires.
Leur histoire familiale, pour eux, commence tout d’abord par le poids du silence et de la tristesse qui entourent chaque mois de mai depuis leur naissance. Sans savoir que leur grand-père, puis leurs deux oncles, ont été massacrés à Guelma, ils ressentent le poids, non verbalisé, de la mort et du chagrin.
Un jour, la vérité éclate. Amar, le grand-père, Ali et Smail, ont tous été massacrés à Guelma. Pire, ils l’ont été sous les ordres du sous-préfet de Guelma d’alors, Monsieur André Achiary. Pour quel motif ? Un télégramme du cabinet du gouverneur général d’Algérie adressé au Ministre de l’Intérieur et daté du 14 juillet 1945, deux mois après ces exécutions sommaires et jour de fête nationale, mentionne :
“Enquête judiciaire établira si les individus considérés seulement comme suspects n’appartenant pas officiellement à des organisations nationalistes étaient réellement dangereux”.
À la lecture de ces mots, je ne peux imaginer la colère, l’incompréhension que l’on ressent lorsque des parents, ici des oncles, un grand-père, sont massacrés, assassinés sous les ordres d’un représentant de l’État sans aucune forme d’enquête préalable aux exécutions. Je ne peux imaginer la colère que suscite le silence de l’État, de 1945 à aujourd’hui, sans qu’il n’ait jamais officiellement reconnu ces massacres.
C’est cette colère que Monsieur et Madame Abda ont tenu à me rapporter lors de notre entretien en me demandant “comment peut-on aimer la France, pays où l’on a grandi, quand la France elle-même ne reconnaît pas ce qu’elle a fait à nos oncles et à notre grand-père ?”. La réponse, ils l’avaient déjà : la mémoire, au travers de leur travail d’archives et de celui de nombreux historiens, et la reconnaissance des ces crimes.
Ce n’est pas la haine de la France qui pousse au travail de mémoire, mais c’est l’amour de celle-ci, de ses promesses inachevées de Liberté, Égalité, Fraternité.
S’il est encore difficile d’établir le bilan humain de ces massacres, estimé à quelques dizaines de milliers de morts par les historiens, sa réalité n’en est pas moins flagrante. La France a massacré un peuple colonisé à Sétif, Guelma et Kherrata.
Reconnaître, ce n’est pas salir l’histoire de France. Reconnaître, c’est honorer la mémoire des victimes, et surtout, permettre aux familles de se reconstruire, de laisser derrière elles le poids de la mort, sans jamais oublier le sort inacceptable de leurs aïeuls. Reconnaître, c’est ouvrir la réconciliation de la France, d’abord avec elle même, et surtout avec tous ceux qui connaissent aujourd’hui les conséquences de la colonisation et de ses crimes.
C’est en ce sens que nous continuons nos travaux avec Elsa Faucillon, Fatiha Keloua-Hachi et Sabrina Sebaihi pour la reconnaissance des crimes de mai-juin 1945, leur inscription aux programmes scolaires; mais aussi pour l’ouverture totale des archives relatives à ces massacres. [...]
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