Voeux et interventions

Précarité étudiante : il faut aller vers une allocation d’autonomie. les rustines, ça suffit !

Mme Danielle SIMONNET.- Mes chers collègues, la situation est catastrophique. Comme le disait si bien Barbara GOMES, on a beau le dire et le redire, on a l’impression maintenant de dire des platitudes tellement tout le monde le sait, et pourtant ce Gouvernement ne bouge toujours pas.

Revenons néanmoins sur cette délibération. Cette délibération qui accorde 680.000 euros et une convention avec l’association “Mission Locale de Paris” pour la gestion comptable et financière du “fonds d’aide aux jeunes Parisiens” permet en fait une aide ponctuelle. Une aide ponctuelle, comme les aides d’urgence du C.A.S.V.P., pour les jeunes qui rencontrent des difficultés. De fait, si cette petite bouffée d’oxygène ponctuelle est extrêmement importante pour les jeunes – et cela a été dit par mes collègues précédemment – pendant les 2 mois du premier confinement, 600 aides ont pu être accordées. Néanmoins, on sait que cela ne peut suffire.

Rappelons d’abord que ce dispositif est complémentaire des autres dispositifs existants. Par exemple, si, ponctuellement, on a son permis de conduire à financer, si l’on vit une grosse situation de difficulté, cette aide vient nous sortir du fond de l’eau à un moment donné. Mais elle ne permet pas aux jeunes de garantir leur autonomie. D’ailleurs, le dispositif n’en a pas la prétention. Néanmoins, je salue toute la simplification des démarches qui ont permis d’être beaucoup plus réactif pour accompagner les jeunes qui la demandent.

Sachez que les demandes sont examinées par la DASES pour les jeunes qui sont domiciliés, par la permanence sociale d’accueil de la Ville de Paris pour les jeunes sans domicile fixe, par le comité mensuel du “fonds d’aide aux jeunes Parisiens” piloté par la DASES. Derrière, il y a donc des travailleurs sociaux qui sont dans une situation de surmenage, tout comme le surmenage des missions locales. Il faut savoir que la situation de nos assistantes sociales est catastrophique, parce qu’elles se retrouvent avec non seulement une demande sociale de plus en plus importante, mais aussi avec la dématérialisation de toute une série de démarches dans beaucoup d’autres services, qui se reportent ensuite sur les assistantes sociales pour effectuer les écoutes. Elles n’en peuvent plus et elles craquent. Vous avez des problèmes de sous-effectif, des démissions, des postes non remplacés, vacants. J’espère que l’on pourra aborder cette question – qui n’est pas nouvelle – de la souffrance, y compris du sens du travail social aujourd’hui, avec la grande difficulté de l’explosion de la demande dans le même temps.

Pour revenir au sujet de cette aide aux jeunes Parisiens, je souhaite en profiter pour parler d’un autre sujet connexe qui est la “Garantie jeunes”, un autre dispositif. La “Garantie jeunes”, je voudrais en parler parce que le Gouvernement, par l’intermédiaire du ministre Adrien TAQUET, nous a proféré un sacré énorme mensonge ces derniers temps. Il a prétendu, tout d’un coup, faire un effet d’annonce d’une nouvelle mesure, notamment pour les enfants placés à l’aide sociale à l’enfance, en promettant l’accès à la “Garantie jeunes” à 500 euros par mois pour les jeunes de l’aide sociale à l’enfance. Quel grand pipeau et mensonge scandaleux quand on sait qu’en fait, cette proposition existe déjà. Les missions locales aussi permettent d’accorder la “Garantie jeunes” à tous les jeunes, y compris les jeunes de l’aide sociale à l’enfance. En aucun cas, il ne s’agissait d’une nouvelle mesure. Je trouve cela d’un cynisme absolu de faire passer pour un cadeau une mesure de droit commun qui existe déjà.

Par ailleurs, il faut rappeler que la “Garantie jeunes” est limitée à 12 mois, qu’elle ne débouche à une activité rémunérée que dans 50 % à 60 % des cas, que l’accès au dispositif est restrictif puisqu’il n’y a que 100.000 bénéficiaires, et non pas 200.000 comme le prétendent d’autres membres du Gouvernement, alors que l’on a bien plus de 1,5 million de jeunes en grande difficulté sociale. Alors, oui, maintenant, l’urgence, c’est d’étendre l’accès au R.S.A. à tous les jeunes de 18 à 25 ans. C’est urgent et une nécessité absolue. Oui, depuis déjà des années… Je souviens que mon premier engagement, en tant que jeune, dans le cadre du syndicalisme étudiant, c’était pour l’allocation d’autonomie, pour faire en sorte que tous les jeunes en formation puissent avoir une allocation d’autonomie, ou un présalaire, selon le terme que les uns et les autres préfèrent employer. Il faut absolument tendre vers une allocation d’autonomie pour tous les jeunes en formation, parce que, comme cela a été dit précédemment : “les rustines, ça suffit”.

Je vous remercie.

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