Voeux et interventions

Il faut remunicipaliser les parkings : la privatisation nous coûte cher !

Mme Danielle SIMONNET.- Merci, Madame la Maire.

Je partage totalement les arguments développés par Barbara GOMES.

A travers ces délégations de service public, quels risques prenons-nous si nous relançons le marché d’appel d’offres ? Nous prenons le risque que la S.A.E.M.E.S. – la société d’économie mixte dans laquelle la Ville est majoritaire et qui gérait jusqu’à présent les parkings publics concernés par la délibération sur laquelle je suis inscrite – ne soit pas retenue dans la mise en concurrence.

On va me dire ce qu’on me dit dans les couloirs et qu’on va dire ici publiquement : “Mais non, ne t’inquiète pas, Danielle, on fera en sorte que la S.A.E.M.E.S. puisse remporter le marché de l’appel d’offres.” Sauf que, vous le savez, à partir du moment où c’est un marché d’appel d’offres, dans une mise en concurrence il n’y a aucune garantie.

Puis c’est surtout le discours que l’on me tenait sur le crématorium du Père-Lachaise, où il y a d’abord eu un premier vote sur le mode de gestion, c’est-à-dire un vote pour la reconduction d’une démarche de délégation de service public à la fin du contrat de D.S.P. et, à l’époque, j’avais voté contre ce recours à une mise en concurrence – j’avais d’ailleurs été la seule à voter contre. J’avais dit : attention, vous prenez le risque que la société d’économie mixte de la Ville de Paris ne le remporte pas et que le crématorium et le nouveau crématorium à construire à Pantin soient exploités par une entreprise privée.

Eh bien, mal m’en a pris parce qu’à l’issue de la procédure, sachant de la Ville avait choisi une assistance à maîtrise d’ouvrage, qui par ailleurs affichait sur son site que son principal donneur d’ordre était l’entreprise SCF Funecap, comme par hasard c’est évidemment Funecap qui a remporté le marché ! D’ailleurs, j’assume d’avoir fait un recours au tribunal administratif pour tenter d’annuler cette privatisation du crématorium du Père-Lachaise, parce que je trouve catastrophique et déplorable que ce bien commun symbolique, aussi symbolique que soit un crématorium, puisse revenir dans les mains d’une entreprise lucrative privée.

Evidemment, la charge symbolique n’est pas la même pour nos parkings municipaux. Pour autant, nos parkings municipaux sont un levier dans notre politique de lutte contre la pollution et on doit les garder justement sous la responsabilité du public, parce que notre objectif n’est pas simplement d’en faire une source de recettes. Ma foi, si cela fait des recettes, très bien, mais c’est quand même d’en faire un outil dans la politique menée pour réduire l’invasion de la voiture, pour encourager au moins le recours à l’électrique. D’ailleurs, je vois bien dans la délibération qu’il y a un recours exigé au contrat à énergie verte, mais cela ne suffit pas. Il faut que nos parkings municipaux, soit relèvent d’une S.P.L., soit relèvent d’une régie directe, et ce recours au privé doit cesser.

Voilà pourquoi je voterai contre ces délibérations.

Je voterai contre ces délibérations et j’attire votre attention : si la délégation de service public est reprise par le privé, ce sera qui ? Encore Indigo ? Encore cette ex-filiale de Vinci Park ? A un moment, j’étais venue en bibliothèque du Conseil municipal pour récupérer et analyser les bilans d’exploitation et sous l’ancienne mandature, c’était 40 millions d’euros de bénéfice par an. Donc 40 millions d’euros que la Ville pourrait se mettre dans la poche !

Parce que sachez que lorsqu’on recourt à un privé, le privé cherche à faire des bénéfices et c’est donc autant d’argent que le privé se prend finalement sur le dos de l’ensemble des contribuables de Paris. Si la Ville de Paris gère un service public, cela lui coûte forcément moins cher puisque la Ville de Paris n’a pas à rétribuer des actionnaires.

Par ailleurs, j’entends souvent les discours libéraux – car il y a quand même une certaine normalisation libérale dans les rangs de ce Conseil de Paris – qui sont de dire que finalement la concurrence, c’est bien. C’est sain, la concurrence ! Ecoutez, la concurrence à Paris, je trouve qu’elle montre quand même toute la logique capitaliste de la concentration : les parkings municipaux sont de plus en plus pris par Indigo, qui est une filiale de ex-Vinci Park, Smoovengo pour Velib’ est aussi une filiale qui a été rattachée à un moment à Indigo et Streeteo pour le contrôle de la verbalisation du stationnement est aussi une filiale d’Indigo. A un moment donné, cela commence à faire beaucoup.

Pour ma part, je voterai contre ces délibérations et j’invite les Conseillers de Paris à voter contre ces délibérations. Je pense qu’il faut absolument que la Ville reprenne la maîtrise, préserve les salariés de la S.A.E.M.E.S., parce que ce sont eux qui perdront leur emploi si le marché est donné à ex-Vinci Park, Indigo ou à une autre entreprise privée. Il faut absolument les protéger en créant cette S.P.L. ou cette régie directe.

Je vous remercie.

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