Voeux et interventions

Parkings : 40 millions d’euros par an pour Indigo (ex Vinci Park) ! On a mieux à faire de cet argent

Mme Danielle SIMONNET.- Ecoutez, cette DVD 104 est bien particulière puisqu’il s’agit, sur le rond-point des Champs-Elysées, d’un garage et d’un parc de stationnement qui sont tous les deux l’objet de délégations de service public dissociées. Si j’ai bien compris, la partie garage était jusqu’ici sous délégation de service public pour la SEMAEST, et aujourd’hui, on nous propose de délibérer pour que ce soit Indigo Infra qui reprenne ce garage, en sachant qu’Indigo Infra exploite déjà le parc de stationnement.

J’imagine que la partie garage, qui a des abonnés, est certainement moins rentable que la partie parc de stationnement. On apprend dans la délibération que ce que la Ville prévoit, c’est qu’à l’issue de la délégation de service public prévue en 2028, les deux délégations de service public soient ressoudées en une seule et que, sans doute, à ce moment-là, peut-être que la Ville espère que la SEMAEST puisse reprendre le tout.

Mon intervention, néanmoins, sera comme à chaque fois lorsqu’il s’agit de délégation de service public sur les parkings. J’estime que la Ville devrait reprendre la main sur les parkings, cesser de laisser les intérêts privés gérer les parkings et les garages municipaux à notre place, et qu’à l’échelle de toute la Ville, on devrait reprendre cette pleine compétence. Parce que si un parking ou un garage est déficitaire à un endroit, globalement, sur Paris, il a été attesté que, certaines années, les bénéfices d’Indigo Infra, ex-VINCI Park, pouvaient monter jusqu’à 40 millions d’euros par an de bénéfice net, qui vont donc dans la poche d’un intérêt privé quand cela pourrait venir dans le financement de la Ville.

En cette période de situation budgétaire tendue, il serait temps de sortir de l’illusion libérale que laisser gérer le privé permet de faire des économies, alors que c’est tout l’inverse puisque la logique d’un intérêt privé est de défendre ses propres intérêts, donc de dégager des profits. Et donc, lorsque l’on reprend en régie directe, on est plutôt dans une logique d’intérêt général. On pourrait, du coup, avoir une politique qui permettrait d’encourager le stationnement en sous-sol et, en même temps, s’il y a des bénéfices faits, de financer deux types d’opération.

Imaginez qu’avec les 40 millions d’euros de bénéfice net, la Ville se mette à acheter et offrir un vélo pour tout jeune Parisien dès qu’il a 16 ans, voilà qui serait un levier de transformation de notre rapport à la mobilité dans la ville. Ce serait bien plus intéressant que de laisser ainsi de l’argent passer dans les mains du privé.

Je reste profondément attachée – c’est le sens de mon engagement – au droit à la Ville. Le droit à la Ville, c’est émanciper les usages de la Ville des intérêts privés pour bien mieux défendre l’intérêt général. L’intérêt général écologique exige que l’on ait la main sur ces questions de stationnement pour pouvoir justement accompagner la transformation et l’invitation à d’autres rapports de déplacement.

Puisque j’ai encore un peu de temps de parole sur ces questions de stationnement, lorsque la Ville avait décidé d’augmenter très fortement le stationnement en surface, des engagements oraux avaient été donnés pour faciliter et réduire le coût des stationnements en sous-sol abonnés pour les Parisiennes et les Parisiens. Il y avait une réflexion nécessaire à avoir sur les parcs de stationnement des bailleurs. J’aimerais bien qu’à l’occasion, on puisse à nouveau nous dire où cela en est, car on a aussi d’autres problématiques où des bailleurs ont cédé à des entreprises privées l’exploitation de leur parc de stationnement en sous-sol, et l’on se retrouve avec des coûts pour les locataires bien souvent trop élevés par rapport à leur pouvoir d’achat.

Monsieur BELLIARD, vous faites non de la tête, mais je vous enverrai un courrier concernant une adresse bien précise dans le 20e arrondissement, rue des Tourelles. D’ailleurs, je vous ai déjà envoyé ce courrier où les locataires trouvent vraiment que, par rapport à leur pouvoir d’achat, les locations en parc de stationnement géré par le privé sont bien trop élevées pour eux.

Je voterai contre cette délibération, car je suis pour que l’on puisse faire en sorte d’accompagner la SEMAEST pour qu’elle devienne une régie directe et reprenne la main, un à un, sur les parkings municipaux. Je vous remercie.

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