Voeux et interventions

Paris laisse des mineurs isolés à la rue ! Le devoir de la ville est de les prendre en charge

Madame VERSINI, je souhaiterais saluer un certain nombre d’avancées dans ce Schéma de protection de l’enfance 2021-2025. Vous savez qu’il y a des thématiques qui me tiennent tout particulièrement à cœur, notamment la nécessité de renforcer les campagnes de sensibilisation et d’information autour du numéro 119 pour mieux lutter, détecter et accompagner les enfants victimes de violences. D’autres avant moi ont rappelé le rapport SAUVÉ dans l’Eglise, les problématiques de violences sexistes et sexuelles subies dans le sport, dont les enfants sont fortement victimes, et le fait que les enfants victimes de violences, on en trouve dans tous les milieux sociaux. Il est nécessaire, du coup, de pouvoir s’appuyer sur le maximum d’acteurs pour pouvoir à la fois sensibiliser, accompagner et détecter. Evidemment, un enfant dans l’Ouest parisien ou dans le Nord-Est parisien, lui et sa famille ne sont pas forcément amenés à rencontrer autant de personnels. Finalement, parfois, c’est même y compris dans les quartiers les plus aisés que les enfants peuvent être d’autant plus isolés. Il y a donc nécessité, en s’appuyant sur l’école, en développant bien plus le réseau P.M.I., la formation des animateurs sportifs, de tout professionnel qui, à un moment donné, est en contact avec enfants, de renforcer les formations pour pouvoir bien mieux protéger les enfants. Cette thématique commence enfin à être réellement entendue par l’opinion publique, mais, pour l’instant, autant dire que les politiques menées au niveau national ne sont pas du tout à la hauteur de l’enjeu.

Vous savez aussi à quel point je suis attachée à la question du suivi, de l’accompagnement et du contrôle aussi des familles d’accueil d’enfants placés. Il est absolument essentiel de continuer à entendre la parole des enfants placés et des anciens enfants placés, avec notamment l’association “Repairs 75”, et de renforcer les moyens pour former les familles, accompagner, mais aussi contrôler, en même temps rajouter aussi des moyens supplémentaires pour que le traitement des informations préoccupantes puisse être accéléré.

Vous connaissez également mon attachement à la question de la prise en charge des mineurs isolés non accompagnés. Il est tout à fait positif que le Département s’engage à développer les contrats jeunes majeurs et permette leur systématicité pour l’ensemble des jeunes qui en ont besoin, et non seulement jusqu’à 21 ans, mais il serait souhaitable jusqu’à 25 ans, puisque vous savez que vous ne pouvez pas, hélas, pour l’instant, toucher le R.S.A. avant 25 ans. Donc, pensons toujours que l’Aide Sociale à l’Enfance et le Département jouent le rôle de parents substitutifs. Aucun d’entre nous ici n’accepterait d’abandonner ses enfants, fussent-ils majeurs, s’ils n’étaient pas en capacité d’être autonomes, avant d’avoir possibilité d’accéder, par exemple, au R.S.A. Il faut donc que la logique départementale fasse ce même chemin, cette même responsabilisation. Je serai toujours attentive à cela.

Evidemment que le personnel doit être mieux entendu. Il nécessite une revalorisation salariale qui peut dépendre à la fois du national, mais également de la Ville. Les difficultés de recrutement sont directement liées au déficit d’attractivité, parce que ce sont des métiers durs, et pour les valoriser, il faut aussi assumer les rémunérations qui vont avec.

Je souhaiterais également, dans le temps qu’il me reste, une minute, présenter le vœu rattaché. Comme vous le savez, il y a eu des jeunes mineurs étrangers, dont la minorité est contestée, qui se sont retrouvés dans des tentes dans le 19e, sur la rue Sigmund-Freud. Il y a eu des opérations grâce à l’intervention aussi de la Ville, de la Préfecture, de mise à l’abri de près de 240 personnes, dont 70 mineurs, mais il y a toujours des jeunes mineurs isolés. Je souhaite, dans mon vœu, que la Ville applique la préconisation de l’ancien Défenseur des Droits en faveur de la prise en compte de la présomption de minorité, qu’on arrête ces contestations systématiques, qu’elle s’engage à mettre à l’abri tout jeune isolé qui voit sa minorité contestée pendant la période de son recours et que l’on mette à l’abri l’ensemble des jeunes à la rue, quelle que soit leur situation administrative. Il est essentiel de considérer que tout jeune à la rue court un grand danger et qu’il doit être mis à l’abri.

Je vous remercie.

Mme Danielle SIMONNET.- Il est maintenu, parce que le vœu de l’Exécutif ne prend pas en compte ni la présomption de minorité ni la mise à l’abri des mineurs qui sont en recours de la contestation de leur minorité.

Mme Danielle SIMONNET.- Je le maintiens d’autant plus que, dans 80 % des cas, les recours donnent raison aux jeunes.

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