Hôpital Tenon : le gynécologue mis en cause pour viols doit être suspendu
Mes chers collègues, l’A.P.-H.P. sollicite une aide financière de la Ville pour soutenir le fonctionnement général du Samu-Smur et pour acquérir de nouveaux équipements. C’est donc l’objet de cette délibération qui y répond en accordant 300.000 euros.
D’abord, bien sûr, il faut saluer le travail gigantesque et essentiel de l’ensemble des équipes du Samu-Smur, qui a été particulièrement essentiel pendant la crise Covid et qui peut être aussi déterminant, par exemple en cas de canicule ou en cas d’événements tragiques, comme ils ont pu survenir dans le passé dans la Capitale.
Il faut bien prendre conscience que leur travail est global. Du simple conseil médical à l’ambulance de réanimation ou à la gestion d’une catastrophe, ils ont pour rôle d’assurer de la disponibilité et des moyens d’hospitalisation publique ou privée, évidemment en respectant le libre choix des patients. Ils sont donc là pour réorienter, ils organisent aussi le transport en milieu hospitalier avec le moyen le plus adapté, avec les difficultés de transport dans Paris qui ont été signalées par l’intervention précédente. Ils sont là pour organiser l’accueil par les équipes soignantes, pour participer à l’élaboration et au déroulement des principaux plans de secours, pour participer à la formation aux urgences des professionnels de santé. Ce sont donc des tâches extrêmement globales.
Le central téléphonique du Samu de Paris a relevé 849.440 appels présentés, soit près de 2.327 appels par jour, ce qui est considérable. On sait, par ailleurs, qu’il y a une augmentation de ces appels, notamment du fait de la saturation des urgences d’un côté et des difficultés d’accéder à des rendez-vous de médecine de ville de l’autre, et qu’il y a un tout dans la prise en compte de ces problématiques d’urgence.
Il est évidemment nécessaire que l’A.P.-H.P. puisse renouveler les équipements ayant atteint un seuil de vétusté, et la délibération que nous votons va permettre le rachat d’1 incubateur de transports, de 3 scopes, de 2 planches à masser, de 12 pousse-seringues, de 2 ventilateurs de transport, de 4 échographes, de 5 fauteuils et de 10 casques.
Mais moi, je voudrais quand même dire une chose. Pendant qu’on nous sollicite et que la Ville de Paris répond – je suis favorable et on votera cette délibération -, à l’Assemblée nationale, année après année, sous le Gouvernement MACRON, les moyens alloués à l’hôpital public ne cessent d’être réduits. La casse de l’hôpital public se poursuit et c’est donc maintenant aux collectivités de venir abonder 300.000 euros pour du matériel essentiel, incontournable. Il va bien falloir, à un moment donné, que cesse cette politique de casse de l’hôpital public avec ses conséquences catastrophiques pour l’ensemble des Parisiennes et des Parisiens et pour l’ensemble des Françaises et des Français.
Il y a donc vraiment de quoi enrager quand on voit, d’un côté, les lois successives de financement de la Sécurité sociale, financement qui diminue, et, de l’autre, l’étranglement des collectivités par les politiques de baisse de dotations de l’Etat et d’austérité, avec, au milieu, ces enjeux de santé dont nous délibérons aujourd’hui et qui ne sont pas suffisamment pris en compte par l’ensemble des pouvoirs publics, avec toujours ce même goulet d’étranglement des politiques aberrantes d’austérité, alors que la santé devrait être une priorité absolue, et absolument pas une marchandise superficielle. Une politique de santé publique est nécessaire.
Je voudrais par ailleurs profiter de cette délibération pour donner mon “coup de gueule” du jour à nouveau sur l’A.P.-H.P., puisqu’il n’y a pas d’autres délibérations qui me permettent de le faire, même si j’ai tout à fait conscience que ce n’est pas le sujet.
Lors d’un précédent Conseil de Paris, vous avez bien voulu, à l’unanimité de cette Assemblée, voter un vœu pour demander la suspension de l’ensemble des responsabilités et fonctions du professeur DARAÏ, professeur à l’hôpital Tenon, poursuivi par plus de huit plaintes dont une pour viol sur mineur, et qui fait l’objet de plusieurs centaines de témoignages, de plaintes sur les réseaux sociaux. Vous savez que l’A.P.-H.P. a fait une enquête et qu’elle a osé clamer fièrement, à la fin de cette enquête, que le professeur était définitivement démis de ses fonctions de chef de service. Sachez qu’il exerce toujours et qu’il n’est en aucun cas suspendu ! Il a donc toujours ses rendez-vous avec des patientes et il peut donc toujours mener ses examens gynécologiques malgré toutes les plaintes, malgré tous les témoignages.
Et ce qui me scandalise, c’est que, quand on lit le rapport interne de l’A.P.-H.P., les paroles des femmes et les paroles des internes qui s’expriment sont extrêmement fortes, mais à aucun moment l’A.P.-H.P. n’assume de reconnaître qu’il s’agit de viols.
Mme Danielle SIMONNET.- Un viol, c’est quand il y a une pénétration sans consentement. Je fais confiance à Anne SOUYRIS, au Conseil de surveillance, pour continuer à réaffirmer, comme elle l’a fait précédemment, l’exigence de la Ville que le professeur DARAÏ soit suspendu, et cela implique à la fois la direction de l’A.P.-H.P. et le Ministre de la Santé Olivier VÉRAN. Les violences gynécologiques et obstétricales doivent enfin être reconnues dans notre société.