Voeux et interventions

Vœu relatif aux actions de formation, de prévention, d’écoute et d’accompagnement dans la lutte contre les violences sexistes, sexuelles, la pédocriminalité et l’inceste

Mme Danielle SIMONNET.- Oui, je vous remercie, Monsieur le Maire.

Cette délibération DRH 1 est donc relative aux responsables de l’action éducative qui assurent l’encadrement de près d’un millier de personnes d’animation affectées dans les écoles, dans le cadre d’activités périscolaires et extrascolaires. Il s’agit donc de l’animation, des A.R.E. et en même temps d’Actions collégiens.

Comme vous le savez, nous sommes dans un contexte qui ouvre enfin et libère la parole. Vous avez lu le livre “La Familia Grande” de Camille KOUCHNER dans lequel elle dénonce les actes incestueux d’Olivier DUHAMEL sur son frère jumeau, qui a permis de lancer le “hashtag” #MeTooInceste avec plus de 80.000 témoignages. Auparavant, c’était la sortie en janvier 2020 du livre de Vanessa SPRINGORA, “Le Consentement”, qui accusait l’écrivain Gabriel MATZNEFF de viol sur mineur et d’apologie de la pédocriminalité. Cela avait permis, comme le dit la psychiatre Muriel SALMONA, un point de bascule. Dorénavant, la société tend à mieux entendre et prendre en compte la parole des victimes et à ne plus tolérer la propagande pédocriminelle, comme le révèle d’ailleurs l’éviction récente de L.C.I. du philosophe Alain FINKIELKRAUT pour ses propos, justement, sur l’affaire DUHAMEL.

Alors, cette prise de conscience exige de déboucher sur des modifications à la fois du législateur et en même temps de notre collectivité. Sur le législateur, hélas, on ne peut que regretter qu’il ne soit pas instauré une présomption irréfragable du non-consentement en dessous d’un âge-seuil fixé à 15 ans pour tout acte de nature sexuelle avec un majeur. Il est aussi regrettable que ne soit pas instaurée une imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineur.

Maintenant, au niveau de notre collectivité, regardons la réalité. L’enquête Ipsos commandée par l’association “Face à l’inceste”, en novembre dernier, révèle que 10 % des Français ont subi un inceste, donc sur Paris la situation doit être équivalente. Cela correspond à deux à trois enfants par classe. De plus, 96 % des actes pédocriminels sont commis par des hommes et, face à l’omerta familiale, l’école est le tout premier recours d’un enfant maltraité.

Mais, en même temps, cela peut être aussi à l’école, lors d’activités scolaires, mais aussi périscolaires et extrascolaires, que peuvent se produire des harcèlements, agressions sexuelles et viols. D’ailleurs, en février 2019, la Ville de Paris a été amenée à suspendre un animateur d’une école maternelle parisienne dans le 3e après des accusations de violences sexuelles sur des enfants. Des parents se sont plaints d’ailleurs de défaillances graves des différentes institutions – police, justice, mais également école et mairie. Alors, dans le cadre de cette libération de la parole autour du “hashtag” #MeTooInceste, il faut prendre en compte que nos actions doivent suivre. Je souhaiterais aussi parler des témoignages d’enfants placés, victimes d’agressions sexuelles, de viols, et les défaillances de structure de contrôle des aides sociales à l’enfance, pas spécifiquement sur Paris, mais dans l’ensemble de la France.

Ainsi, si nous n’avons pas suffisamment d’éléments chiffrés sur la réalité parisienne, je souhaite, à travers ce vœu, d’abord, en lien direct avec la délibération, qu’il y ait véritablement une formation de l’ensemble des professionnels qui interviennent auprès d’enfants, et qu’elle soit renforcée – car je sais que des actions sont déjà menées – absolument vis-à-vis de tous les professionnels, et notamment les encadrants.

Que la Mairie de Paris aussi incite, dans le cadre des aménagements des rythmes éducatifs, à la création d’ateliers qui contribuent à l’éducation contre le sexisme et à l’égalité entre les genres de la maternelle au supérieur, parce qu’on sait que les choses aussi peuvent être liées.

Mais surtout – il y avait un vœu que j’avais présenté et qui avait été adopté, et je souhaiterais qu’il puisse enfin être appliqué – que la Mairie de Paris communique sur les actions engagées, suite à l’approbation de ce vœu de décembre 2019, qui concernent la campagne de prévention des violences faites aux enfants et de promotion du 119 car, vous le savez, le numéro 119 est insuffisamment connu. Si, par exemple, dans les quartiers un peu plus populaires, on a les structures de P.M.I., les assistantes sociales, on a beaucoup plus de liens et de contacts avec les familles, dans un certain nombre de quartiers plus aisés, en revanche, il y a moins ces relais. Or le problème de la pédocriminalité existe dans tous les milieux socioculturels.

Je souhaite que la Mairie de Paris poursuive également la réflexion avec l’ensemble des institutions – police, justice, Education nationale, travailleurs sociaux, personnels DASCO et DASES, associations de parent d’élèves, organisations syndicales, associations engagées contre les violences sexistes et sexuelles et pédocriminalité – afin d’améliorer les dispositifs en faveur d’une meilleure prise en compte de la parole des victimes. L’enquête de “Mediapart” sur les crimes commis dans cette école du 3e montrait que, pour les familles, il y avait eu une défaillance de l’ensemble des institutions.

Je retirerai néanmoins mon vœu au profit de celui de l’Exécutif car il permet de montrer qu’il y a une véritable volonté de communiquer en mars sur tout le travail engagé par la Ville. Je pense qu’il est maintenant temps d’avancer.

Je vous remercie.

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