Vœu relatif au refus de la fermeture de l’école Paradis et à la sectorisation dans le 10e arrondissement
Mme Danielle SIMONNET.- Oui, mes chers collègues, il y a plusieurs problèmes, comme ont pu le dire d’autres intervenants.
Il y a d’abord le contexte global de la politique de M. BLANQUER qui vise à supprimer et à réduire le nombre de postes et qui occasionne une augmentation des effectifs par classe, et on voit bien le rouleau-compresseur, une politique libérale qui va à l’encontre de la défense de l’école républicaine. Et puis, sur Paris, on a une autre problématique qui est la baisse démographique. Cette baisse démographique, il ne faut pas la considérer comme pérenne, car le rôle du politique est au contraire d’avoir une stratégie de repeuplement de Paris et de dire que, la spéculation immobilière chassant aujourd’hui bon nombre de familles de Paris, toute la politique doit être orientée, au contraire, pour faire revenir la population. Dès lors, il faut absolument préserver les écoles.
Or, là, évidemment je vais moi aussi parler de l’école Paradis, parce que c’est tout un symbole. C’est un symbole terrible, car vous voulez fermer une école pour ouvrir le futur commissariat de la Police municipale parisienne. Je ne rentre pas dans le sujet de la police municipale, vous savez que je suis contre et chacun, évidemment, a en tête, dans ce symbole, la phrase de Victor Hugo. Vraiment, fermer une école pour ouvrir un commissariat, quelle erreur politique que celle-là.
Mais, surtout, qu’est-ce que cela raconte et quelles sont les conséquences ? Si vous fermez l’école Paradis, forcément, vous augmentez les effectifs dans les autres écoles. Cette école a, de fait, été fermée pour travaux, mais il était prévu que ce soit momentané. Les effectifs de cette école ont été mis notamment à l’école Chabrol. Moi, j’ai rencontré les parents de l’école Chabrol et ils le disent, c’est vraiment difficile, car, du coup, ils sont très nombreux dans les salles de classe, c’est un gros problème, notamment parce que ce n’est pas adapté pour les petits de maternelle, alors que l’école Paradis est idéale dans son adaptation pour l’école maternelle. Et le summum, c’est la cantine, avec les horaires qui doivent être beaucoup plus larges. En plus, vous imaginez, dans cette période qui nécessite des protocoles plus stricts, il faudrait avoir des protocoles bien plus exigeants ; on a besoin de place pour faire face à la pandémie du Covid-19. Ce n’est donc pas du tout le moment de penser à la fermeture d’une école. Vous savez bien que l’expérience terrible que nous vivons, on va la revivre. Ce n’est pas la seule pandémie qu’on se “prend”, on ne sait pas quand véritablement on en sortira et celles qui viendront par la suite.
Surtout, concernant le 10e arrondissement et ce secteur-là, pour les parents, il n’est pas établi qu’il y ait un tassement pérenne de ces effectifs. Au contraire, d’autres chiffres montrent une reprise de la natalité qui peut laisser croire à une nouvelle augmentation à venir des effectifs en maternelle dans ce secteur.
La forme, en plus, c’est que les parents, alors qu’il devait y avoir une concertation, se sont retrouvés tout d’un coup, le 13 novembre dernier, avec le couperet qui tombe. Alors qu’ils pensaient qu’il y avait juste les travaux dans cette école et que, l’année d’après, les enfants pourraient revenir dans cette école, la décision tombe après, pour eux, 14 mois d’errements et de promesses de travaux pilotés dans la plus grande opacité par les services de la Mairie. Voilà le ressenti. On en fait des tonnes sur la démocratie participative, mais sur un sujet aussi fondamental que celui de l’école municipale, on voit que, finalement, la concertation est une mascarade.
Ensuite, il y a eu ce vœu du groupe Ecologiste de Paris qui a été voté en décembre, pour qu’on prenne le temps, mais, en fait, on ne prend le temps de rien du tout, puisque c’est validé là dans cette délibération, la fermeture pérenne de cette école.
Pourquoi vous voulez fermer de manière pérenne cette école, pas simplement du point de vue des conséquences pour l’Education nationale, mais en soi ? En effet, chaque fois que vous avez besoin d’un équipement public, vous êtes face à la difficulté de la cherté du foncier. Je le comprends bien, sauf que, du coup, le choix de la facilité, c’est de prendre des équipements fonciers déjà publics appartenant à la Ville pour faire d’autres services publics. Je me souviens, sous la précédente mandature, d’avoir été vent debout lorsque vous aviez décidé de récupérer les 11 C.I.O. départementaux. C’était un sacré effet d’aubaine pour le Rectorat et le Ministère qui voyaient là la possibilité de fermer ces centres d’information et d’orientation et de réduire les effectifs de psychologues de l’Education nationale, et cela vous permettait de récupérer des locaux pour faire autre chose. Et là, maintenant, c’est vous-mêmes qui, sur vos propres services publics, décidez de prendre une école et de la fermer pour pouvoir faire votre autre service public. Et cela, ce n’est pas possible, car c’est une logique sans fin, terrible en termes de régression des services publics dans la Capitale.
Ainsi, vous l’aurez compris, le sens de mon vœu rattaché, et je voterai les autres amendements…
Mme Danielle SIMONNET.- …et vœux qui vont dans ce sens, c’est qu’il faut sauver l’école Paradis. Elle ne doit pas fermer.
Je vous remercie.