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Confinement 2 : 10 mesures d’urgence

La démocratie ne doit surtout pas être confinée ! Voici les premières propositions co-élaborées avec des citoyen.ne.s, associations, syndicalistes, en ce premier jour du second confinement. N’hésitez pas à les compléter ou proposer vos modifications.  

Le Président de la République, vient d’annoncer un reconfinement partiel. C’est d’abord un constat d’échec du déconfinement dû à une absence totale de planification sanitaire et sociale de la part du gouvernement. L’épidémie étant hors de contrôle, un nouveau reconfinement de fait s’impose. Mais, alors que les études ont toujours confirmé que la majorité des clusters a lieu au travail, dans les établissements scolaires et universitaires, seules les facs seront fermées. Tout nous est interdit sauf d’aller travailler. L’injonction contradictoire “Restez chez vous, allez travailler” ne peut qu’interroger sur l’efficacité escomptée d’un tel confinement partiel. Bien sûr, il faut respecter les consignes. Mais on évolue en pleine absurdie.  

Cette nouvelle restriction de nos libertés nous est annoncée à l’issue d’un conseil de défense, non élu et opaque, par le Président tel un monarque, usant à fond des rouages antidémocratiques de la 5ème République. Le débat à l’Assemblée nationale est réduit à un simple décorum de façade.  

Emmanuel Macron et Jean Castex n’ont pas eu un mot pour les plus précaires, les sans abris, les problématiques liées aux femmes et enfants victimes de violences pourtant cruciales en confinement. Pas un geste sur la nécessité de mettre à contribution les secteurs qui depuis le premier confinement se sont enrichis. Pas une piste relative aux problématiques de transports en commun dans les grandes métropoles comme Paris… Un flou pour l’instant total sur les conditions de la rentrée scolaire.  

Le plus grave est sans conteste la situation de l’Hôpital public. Les suppressions de postes, de lits se sont poursuivies. Le personnel est épuisé. La saturation des services de réa est imminente sans un seul méa culpa du chef de l’Etat qui prévoit pourtant de nouvelles coupes budgétaires dans le prochain budget.  

Si le gouvernement n’a tiré aucun enseignement des 7 derniers mois, la ville de Paris a t-elle réellement tiré les leçons de la crise ? Voici les mesures urgentes que la maire de Paris, Anne Hidalgo, devrait exiger et/ou mettre en œuvre :  

1)    Un conseil scientifique et citoyen  

A l’issue d’une réunion avec le Préfet de police en début de semaine, Anne Hidalgo, se serait plainte de ne pas disposer d’assez d’information pour anticiper les décisions à venir et les expliquer aux parisiens. Elle avait annoncé début octobre vouloir instaurer un conseil scientifique et citoyen, pour rétropédaler dès le lendemain. Il est plus qu’urgent que Paris se dote d’une instance afin de recouper toutes les informations nécessaires à la planification des mesures de protection sanitaire et sociale, comme je le défendais depuis le confinement dans les 75 propositions pour Paris co-élaborées dans le cadre de notre démarche citoyenne “Décidons Paris”.

  2)    Mettre à l’abri les plus vulnérables  

3000 personnes sans abris appellent chaque jour le 115 sans avoir aucune proposition de relogement ni d’hébergement. Les hôtels de la capitale doivent immédiatement être réquisitionnés afin qu’aucune personne ne dorme à la rue. La problématique spécifique des femmes à la rue doit enfin être prise en compte par les pouvoirs publics, avec le développement de lieux d’hébergement non mixtes et en nombre suffisant, et un accès au logement social facilité. Les Mineurs isolés doivent impérativement être mis à l’abris et dans des foyers adaptés et non dans des hôtels, pour un accompagnement global. Dans chaque immeuble, services publics, mais aussi pharmacie ou commerces autorisés à ouverture, des affichettes d’informations contre les violences faites aux femmes et aux enfants doivent être apposées, avec les numéros d’urgences adéquats.  

3)    Engager les solidarités contre la pauvreté  

Alors que le France connaît un million de pauvres supplémentaires, les portant à 10 millions, soit un terrible record depuis 1945, la Ville de Paris doit fortement augmenter les aides alloués aux plus démunis, notamment dans les aides alimentaires, en partenariat avec les associations, et accroître l’information des usagers sur leurs droits : durant le premier confinement, nombre de personnes se sont présentées aux distributions alimentaires associatives sans faire la demande d’aides auxquelles elles auraient eu droit, par manque d’information. Une attention toute particulière doit enfin être accordée aux nourrissons, via le réseau des PMI et les associations pour l’accès au lait infantile et aux produits d’hygiène.  

4)    Exonérer de loyers les familles en logement social et augmenter le Fond de solidarité logement  

La ville de Paris a engagé des exonérations de loyers pour les commerces, les associations et les petites entreprises dont les locaux dépendent des bailleurs sociaux de la ville. Cette exonération doit s’étendre aux locataires ayant perdu tout ou partie de leurs revenus et le Fond de solidarité Logement doit de nouveau être abondé pour venir en aide aux familles en situation d’impayés de loyers dans le parc locatif privé. La majorité parisienne doit interpeller le gouvernement afin que l’État contribue également à ces exonérations de loyers pour les familles ayant perdu totalité ou partie de leurs revenus. 

  5)    Soutenir enfin l’hôpital public !

La maire de Paris préside le conseil de surveillance de l’AP-HP. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on n’entend pas sa voix pour exiger une toute autre politique de défense de l’hôpital public. 100 000 lits d’hôpitaux ont été fermés en 20 ans, dont 7400 sous le gouvernement Macron. A Paris, outre les réorganisations et suppressions de lits et de service dans le projet de la Nouvelle AP-HP, la fermeture du Val-de-Grâce et la privatisation d’un tiers de l’Hôtel Dieu sont des aberrations sur lesquelles il faut revenir. Selon l’institut Pasteur, les services de réanimation vont connaître de nouveau la saturation dans les 2 prochaines semaines et ce partout en France (avec les patients Covid et autres, cancer, avc, etc.). A ce jour, ils sont déjà occupés à 75% par des cas Covid à Paris. La situation s’avère bien pire qu’au printemps dernier dans l’hôpital public car nombre d’opérations ne peut plus être décalé et les soignants sont à bout, n’ont pas eu la revalorisation salariale revendiquées et la mobilisation de soignants venant d’autres secteurs géographique ne va plus être possible. La psychiatrie parisienne subit les mêmes tensions de sous effectifs avec des conséquences catastrophiques alors même que la crise sanitaire et sociale exigerait son renforcement.    

6)    La rentrée scolaire  

Bien que nombre d’études montrent que la contamination se propage en milieu scolaire, écoles, collèges et lycées restent ouverts. Du point de vue des décrochages scolaires, des souffrances liées à l’isolement, la poursuite de la scolarité est néanmoins une nécessité. Mais pas dans n’importe quelle condition ! Pour éviter de constituer de nouveaux clusters, nombre de pays ont instauré le dédoublement des classes. Hélas, pour l’heure le gouvernement n’a pas envisagé l’embauche d’étudiants pour assister les enseignants dans une telle démarche et encore moins les créations de postes d’enseignants nécessaire.  

La ville a t-elle, pour ce qui relève de sa compétence, envisagé l’augmentation des moyens alloués au nettoyage des classes et donc la création de nouveaux effectifs ? La mise à disposition d’autres locaux complémentaires ? Quid de la cantine scolaire ? Il est impératif d’adapter ce temps pendant lequel le port du masque n’est plus envisageable, afin que les distanciations garantissent le respect des gestes barrières (déjeuner à emporter dans les classes, extension de la pause méridienne…). Le protocole sanitaire des centres de loisirs doit être précisé car pendant la Toussaint, les retours du terrain révélaient de fortes négligences.  

7)    Ehpad et personnes âgées dépendantes

La ville de Paris ne compte que 15 EHPAD publics sur les 62 existants, soit seulement 2450 places gérées par le Centre d’action sociale de la Ville de Paris (CASVP) sur les 7000 places d’accueil en EHPAD, 2440 en Ehpad associatifs et 2091 en Ehpad privés lucratifs. Au printemps dernier, la crise sanitaire a révélé le manque criant de transparence et de moyens dans le suivi des EHPAD publics et privés et de ses résidents. Quel nouveau dispositif la ville a t-elle mis en place pour garantir un meilleur suivi ? Comment se fait-il que l’ARS ait passé un marché pour que les personnels soignants de l’hospitalisation à domicile (HAD) de l’AP-HP prennent en charge les résidents des EHPAD du groupe Korian, côté en bourse ? Il s’agit de 470 résidents qui s’ajouteraient aux 800 patients de l’HAD sans aucune augmentation des effectifs de l’HAD !  

8)    Agir contre l’isolement, soutenir l’éducation populaire et le mouvement associatif

Cette nouvelle phase de confinement des temps libres et de développement du télétravail est lourd de conséquence d’un point de vue humain et démocratique. L’accompagnement des centres sociaux et associations de quartier est important pour amplifier les solidarités locales, les liens sociaux au plus proche des habitants. Les instances de démocratie locale ne doivent pas être confinées même si les réunions physiques de fait ne sont plus possibles. L’accompagnement dans la maîtrise des outils numériques à distances est incontournable pour que des assemblées d’échanges sur la réalité du terrain puissent exprimer et faire remonter les besoins, les propositions et les actions concrètes y remédiant.  

9)    Planification de la future sortie du déconfinement 2 : tester, tracer, isoler

Alors qu’au printemps dernier l’absence de planification sanitaire a de fait conduit à la 2ème vague de contamination actuelle, dès maintenant le futur déconfinement doit réellement être anticipé et planifié. Les services d’analyses des laboratoires de la ville doivent être reconstitués afin que les dispositifs de tests ne dépendent plus que des seuls laboratoires privés. Quelle erreur politique que d’avoir externalisé ces services. Des opérations de tests en pooling, ciblant des quartiers, des tranches d’âges, des secteurs d’activités doivent permettre de mieux anticiper tout futur nouveau cluster. La prévention sur le port du masque d’abord et avant tout impératif en milieu fermé, ainsi que les gestes barrières incluant l’aération trop souvent occultée doit être amplifiée et passe par la gratuité et la distribution des masques. L’isolement des personnes malades exige la réquisition de chambres d’hôtel et d’un vrai dispositif d’information.  

10)  Personnels de la ville

La continuité des services publics essentiels doit être assurée et c’est aux agent.es et à leurs syndicats représentatifs de dresser la liste de ces missions essentielles. Que l’exécutif prenne enfin conscience des terribles distances domicile-travail de nombre de ses agent.es. La promesse de “la ville du quart d’heure” passe d’abord par permettre à celles et ceux qui font vivre Paris par leur travail, les 1ers de corvées, de vivre à Paris. Concernant le télétravail, s’il est obligatoire en cette période de confinement pour toutes les tâches qui le permettent, la ville entend l’encourager de façon pérenne mais elle ne se donne pas même les moyens de garantir le cadre légal minimal de son emploi. Déjà, rappelons le scandale qu’a constitué la très faible distribution de la prime promise de télétravail de 330€. Aussi, il est inacceptable que l’extension du télétravail soit instauré avec une augmentation aussi dérisoire de 10€ de plus par mois telle qu’envisagée pour l’heure dans les négociations syndicales. Enfin, une nouvelle prime covid s’impose pour tous les agent.es qui vont poursuivre leur travail sur le terrain et en télétravail forcé et dégradé.  

11)  Le soutien aux secteurs économiques les plus touchés

La ville a pris l’engagement de poursuivre les exonérations de loyers pour les commerces, associations et entreprises dont les locaux d’activité dépendent des bailleurs. C’est une bonne chose. Tous les leviers de la commande publique doivent par ailleurs être encouragés pour garantir une solidarité économique. Le soutien à des travailleurs tels que les guides conférenciers, grands oubliés du gouvernement dans le plan de relance du tourisme doit être amplifié et en cessant les discriminations syndicales instaurées depuis cet été. Concernant les commerces non alimentaires, la ville devrait prendre un arrêté comme la ville de Migennes, autorisant l’ouverture des commerces non alimentaires tant que les rayons non alimentaires des supermarchés ne sont pas fermés, afin de lutter concrètement contre situation de fait de concurrence déloyale.  

12)  Culture, sports et loisirs  

Il faut cesser de considérer la culture comme une activité non essentielle ! La maire de Paris a raison d’exiger du gouvernement l’ouverture des librairies, la possibilité d’intégrer dans les sorties autorisées les visites aux musées. Fort heureusement, les parcs et jardins cette fois-ci ne sont pas fermées. Les associations proposant des activités sportives aux gestes barrières compatibles doivent être accompagnées et visibilisées pour favoriser les activités sportives pendant le confinement. La ville doit accompagner la communication et le soutien financier au spectacle vivant, afin que des représentations numériques puissent être partagées.

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