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16 octobre 2025J’ai voté la censure avec mes collègues députés de l’APRES et avec la quasi-totalité du groupe écologiste et social. Hélas, elle n’a pas été adoptée, le PS ayant décidé de ne pas la voter. Je le regrette et je félicite le courage des deputé.es socialistes qui l’ont quand même votée. Mais le combat continue, contre les budgets d’austérité de Macron-Lecornu et en faveur de l’unité, pour que l’extrême-droite ne gagne pas le prochain rendez-vous aux urnes.
Si toutes les composantes du NFP l’avaient votée, le gouvernement Lecornu 2 serait tombé.
Le chantage de Macron qui déclarait que toute motion de censure serait une motion de dissolution a donc opéré en partie, certains craignant la possible victoire de l’extrême-droite en cas de retour aux urnes. N’hésitons pas à le répéter, une motion de censure ne provoque pas mécaniquement une dissolution de l’Assemblée nationale : il revient au Président de la République de décider de nommer un ou une nouveau Premier ministre ou de dissoudre. Continuons sans relâche à exiger que Macron cesse son déni démocratique et nomme un ou une première ministre de gauche conformément aux résultats des urnes de juillet 2024.
L’engagement de suspendre la réforme des retraites est un premier recul du gouvernement arraché par le mouvement social. Mais c’est une victoire fragile et relative, voir un mensonge et une manœuvre : seules 300 000 personnes seront concernées en gagnant 3 mois, tandis que plus de 17 millions de retraités vont voir leur pouvoir de vivre diminuer du fait du gel des pensions prévu dans le Projet de loi de finance de la sécurité sociale. Le gouvernement a d’ailleurs bien annoncé la couleur : ce sont les travailleurs qui paieront la facture de la non application de la réforme. La suspension se fera par un amendement du gouvernement au PLFSS. Ce qui signifie qu’il faudrait voter ce texte inacceptable qui aggrave et étend les franchises médicales pour obtenir cette suspension ! Et il faudrait que par la suite, ni le Sénat, ni une commission mixte paritaire, ni le conseil constitutionnel s’y oppose ! Pire, le gouvernement veut en profiter pour réimposer le débat en faveur de la retraite à points ou par capitalisation. La mobilisation unitaire syndicale et politique sera déterminante, avec comme objectif l’abrogation totale de cette réforme toujours inacceptable !
Le renoncement au 49-3 est une victoire démocratique. Nous allons pouvoir batailler amendement par amendement sur le projet de loi de finance (PLF) pour défendre des recettes taxant les riches et superprofits, comme la taxe Zucman sur le patrimoine des 18000 détenteurs d’un patrimoine de plus 100 millions d’euros. Concernant les dépenses, il faudra contrer les coupes sanglantes dans le budget des collectivités, des services publics, du logement, de la transition énergétique, des associations et j’en passe. Mais ne soyons pas naîfs, au bout du bout des débats, il y a fort à parier que le gouvernement tentera de passer en force ses choix budgétaires contre le Parlement, quitte à user des ordonnances.
La question de la censure va donc inévitablement se reposer et avec elle, celle d’exiger de nouveau un gouvernement de gauche ou d’être prêt à affronter une dissolution.
Je suis pleinement consciente que vous toutes et tous, l’électorat de gauche en général, est divisé entre celles et ceux qui veulent que Macron parte et celles et ceux qui craignent la victoire du RN en cas de dissolution. Ayons néanmoins conscience que seule l’unité du peuple de gauche, l’unité de ses forces politiques et syndicales, engagées dans les mobilisations à venir contre Macron et ses politiques, pourra faire reculer le RN.
Alors, force et courage et continuons le combat ! [...]
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10 octobre 2025Décembre 2026.
C’est la date limite jusqu’à laquelle le gouvernement a pour transposer la directive européenne du 14 octobre 2024 sur les travailleurs des plateformes, un texte européen fondamental à l’heure de l’ubérisation et de la casse organisée du salariat.
Le travail de plateforme concernait, en 2023, quelque 600.000 travailleurs sous statut d’auto-entrepreneurs payés à la tâche sans qu’aucune plateforme ne prenne ses responsabilités en matière de prévention des risques professionnels, du versement des cotisation sociales, de possibilité d’une représentation syndicale ou tout simplement du respect d’un salaire minimum.
Si les chauffeurs VTC, les taxis et les livreurs ont été les premiers à subir le modèle des “plateformes numériques de travail”, celles-ci pullulent aujourd’hui dans tous les secteurs de l’économie. On en trouve dans le tourisme, le BTP-bricolage, le déménagement, l’enseignement de la conduite motorisée, les aides-soignants, les agents de ménage, la restauration, le secteur funéraire, et bien d’autres encore.
Après plusieurs années de négociations au niveau européen, cette directive vient finalement mettre un terme à cette dérégulation généralisée et représente une rare fenêtre de progrès social.
Une fenêtre que la France d’Emmanuel Macron pourrait volontairement refermer. Si celle-ci est tenue d’appliquer la directive d’ici décembre 2026, elle pourrait ne pas le faire et gagner quelques années ou le faire sans en respecter l’esprit, avant que des recours ne viennent la condamner.
Nous nous sommes donc réunis à la maison des coursiers de Paris avec des syndicalistes, juristes, collectifs et travailleurs uberisés, ainsi qu’avec Leila Chaibi, eurodéputée insoumise impliquée dans la bataille pour cette directive, et mes collègues sénateurs Pascal Salvodelli (Communiste) et Olivier Jacquin (Socialiste), pour travailler ensemble à une transposition ambitieuse (car oui, la France doit transposer à minima, mais elle peut aller beaucoup plus loin).
Nous nous sommes accordés sur les exigences que nous posons :
une présomption de salariat effective et efficace sans aucune alternative permettant aux plateformes d’échapper à leurs obligations d’employeurs ;
l’inversement de la charge de la preuve (de salariat) incombant aux plateformes : si les plateformes contestent que leurs travailleurs leur sont subordonnés, à elles de démontrer que ce sont de vrais indépendants.
la requalification systématique du faux statut d’indépendant en salariat, avec contrat de travail, interdiction de rupture du contrat par clic et rétroactivité des droits à la protection sociale ;
le contrôle des conditions de travail par une autorité nationale compétente, soit l’inspection du Travail actuelle ;
la régularisation des travailleurs sans papiers et l’extension des preuves de travail en France aux factures d’auto-entrepreneurs ;
la transparence de la gestion algorithmique des travailleurs, avec droit de regard des organisations syndicales ;
l’arrêt des décisions automatisés quand elles ont une importance pour le travailleur. [...]
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9 octobre 2025A l’origine, le déni démocratique
La crise politique que nous traversons est à son comble et a été provoquée par le déni démocratique des élections législatives de 2024. Le gouvernement Lecornu n’aura pas tenu 24h ! Macron porte l’entière responsabilité du chaos. Après avoir dissous l’Assemblée nationale, il aurait dû nommer Lucie Castets Première ministre du NFP et respecter ainsi les 9 millions d’électrices et d’électeurs qui ont soutenu le programme unitaire de rupture. Mais il s’est obstiné, avec ses gouvernements successifs, à imposer coûte que coûte sa politique antisociale et anti écologique et ses budgets d’austérité à coup de 49-3, malgré toutes nos mobilisations.
Accompagnant cette dérive autoritaire, nous voyons également un grand renversement s’opérer des plus inquiétants. Tournant la page du barrage républicain contre l’extrême droite, la droite LR semble prête à s’engager dans un barrage réactionnaire : battre la gauche quitte à s’allier avec le RN, telle serait la nouvelle stratégie défendue par Retailleau. Au vu des attaques inouïes de Trump de l’autre côté de la Méditerranée, chacune et chacun peut mesurer la gravité de la période que nous traversons.
Pendant ce temps, le peuple trinque. Les salaires trop bas, les loyers trop hauts, l’accès à la santé qui se dégrade, les enjeux climatiques aggravés. Les trois journées de mobilisation des 10 et 18 septembre et du 2 octobre témoignent d’une colère forte contre cette politique qui fait payer aux travailleurs, retraités, étudiants et chômeurs la facture des cadeaux faits aux plus riches et tente de diviser le peuple en attisant la haine de l’autre par le racisme.
Gouvernement de gauche, dissolution ou démission ?
Voici les 3 cartes dont dispose Macron. La gauche et les écologistes doivent dans un tel contexte assumer de prendre leur responsabilité et celle-ci exige l’unité. L’APRÈS, avec Génération.S Debout et les Écologistes, à participé à 2 réunions unitaires de travail importantes, l’une pour réaffirmer l’enjeu de l’unité autour du programme NFP en cas de dissolution et l’autre, sur le fait que nous sommes prêts à gouverner à gauche. C’est une première étape, d’autres réunions se tiendront. Nous souhaitons que ces démarches réouvrent un chemin d’espoir !
Le PS doit intégrer la 1ere réunion pour faire barrage au RN ! Aucune exclusive contre quelque force du NFP ne doit avoir lieu. C’est une condition essentielle pour reconstituer une dynamique populaire et battre la macronie et l’extrême droite. Si la dissolution est annoncée d’ici la fin de la semaine, nous devons être prêt.es !
La FI doit intégrer la 2ème réunion et assumer l’enjeu d’un gouvernement de gauche. S’il y a dissolution et que le résultat des urnes aboutit au maintien de la tripolarisation politique à l’Assemblée, sans majorité absolue pour le NFP, que se passera-t-il ? Pourquoi avoir défendu au lendemain des élections de 2024 un gouvernement NFP et ne pas le revendiquer aujourd’hui ? Bien sûr, ce gouvernement devra composer avec la réalité du rapport de force dans l’hémicycle et tenter d’obtenir, texte par texte et sans 49-3, des compromis qui améliorent la vie des gens. Nous savons déjà qu’une majorité pourrait abroger la réforme des retraites et adopter définitivement le projet de loi Zucman défendu par Clémentine Autain et Eva Sas. Et par décret ce gouvernement pourrait enfin augmenter le smic, dégeler le point d’indice des fonctionnaires, annuler les mesures de la loi Duplomb. Même s’il doit subir une censure, ce gouvernement de gauche pourrait faire la démonstration qu’une toute autre politique est possible !
Et si Macron démissionne ? Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, s’engager sur une candidature unitaire à gauche est un impératif ! A l’initiative de Lucie Castets, depuis le 2 juillet dernier, des réunions se tiennent entre les composantes du NFP qui souhaitent trouver le chemin unitaire pour la présidentielle. Hélas, la FI et Jean Luc Mélenchon refusent depuis le début d’y participer. Ni Mélenchon, ni Glucksmann ne peuvent battre l’extrême droite. L’un, autoproclamé, devient un repoussoir, l’autre par son orientation libérale, contraire au programme du NFP. Par l’organisation d’une primaire ou d’un conclave si le temps manquait, la gauche doit pourtant réussir à se mettre d’accord sur une seule candidature pour l’emporter. En juin 2024, la mobilisation de la jeunesse, des syndicalistes, des associatifs et de nombre de collectifs avait mis la pression sur les appareils pour arracher cette unité. Cette pression populaire doit être renouvelée !
L’unité est un combat, que la FI et le PS comprennent enfin sa nécessité absolue !Pour discuter de tout cela, j’invite toutes les forces du NFP de la 15e circonscription et les habitant.es du 20e à venir en débattre et passer à l’action :
Retrouvons-nous ce mardi 14 octobre à 19h, au 2 rue Eugène Reisz (préau de l’école) dans le 20e. [...]
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9 octobre 2025Ce jeudi 9 octobre, j’ai soutenu la journée mobilisation des personnels en SPIP (Services pénitentiaires d’insertion et de probation). Ce sont les agents chargés d’accompagner les personnes bénéficiant d’un aménagement de peine et/ou sorties de milieu carcéral afin d’éviter la récidive.
Depuis la nomination de Gérald Darmanin comme ministre de la Justice, celui-ci s’est engagé sur la voie de la répression et du tout-carcéral, en s’attaquant au budget alloué aux SPIP mais aussi par son projet de loi SURE (Sanction Utile, Rapide et Effective).
Déjà, dans sa loi « narcotrafic », Darmanin avait introduit un régime carcéral inédit pour les narcotrafiquants, en recréant des quartiers de haute sécurité, supprimés pour leur inhumanité par… Robert Badinter en 1982, et panthéonisé ce 9 octobre.
Ce projet de loi SURE prévoit entre autres des peines minimales pour certaines infractions (vols, agressions, rodéos urbains, port d’arme), la restriction du sursis aux seuls primo-délinquants, la suppression des aménagements de peines obligatoires ou encore l’accélération des procédures.
En bref, G. Darmanin veut une justice expéditive, machine à récidive sans aménagement de peine ou sursis. Il veut la généralisation du modèle de la comparution immédiate dont on connaît les résultats : 70% des peines prononcées sont des peines de prison ferme, elle est huit fois plus pourvoyeuse de prison que les audiences classiques, 29 minutes suffisent en moyenne pour des peines de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans.
Ce sont des attaques frontales à notre État de droit. La rapidité des audiences et la sévérité des peines, en plus d’être une machine à produire de la récidive, elles nient les droits fondamentaux des prévenus, et notamment celui à préparer sa défense devant un tribunal.
Une machine à récidive qui emprisonne toujours plus jusqu’à la saturation de nos prisons : 80.130 détenus, soit un taux d’occupation de 128,5%, la prison de Fleury-Mérogis atteignant un taux d’occupation supérieur à 175%.
Depuis 30 ans, les gouvernement successifs n’ont de cesse de criminaliser, entraînant surpopulation carcérale, le déficit de suivi en réinsertion, et donc, la récidive. Un cercle vicieux dont on ne peut sortir non pas en réprimant plus, mais en accompagnant mieux.
C’est pourquoi les agents du SPIP étaient mobilisés : demander un budget sanctuarisé pour ses missions, une réforme pénale hors logique carcérale, des mesures d’urgence contre la surpopulation carcérale. [...]
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1 octobre 2025En mai 2025, j’ai été saisie par la lettre bouleversante d’une mère, alertant sur la situation de son fils de huit ans, placé sous la garde de son père alors même qu’une instruction criminelle pour viols et violences est en cours à son encontre. Malgré les accusations graves portées par l’enfant et la procédure judiciaire ouverte, aucune mesure de protection n’a été prise, laissant l’enfant exposé à un danger manifeste. Cette affaire révèle des dysfonctionnements profonds dans l’articulation entre justice civile et justice pénale, où l’intérêt supérieur de l’enfant semble relégué au second plan. À la suite de cette interpellation, j’ai reçu de nombreux autres témoignages faisant écho à cette situation, confirmant qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. Ces récits mettent en lumière une réalité accablante : les violences intrafamiliales et l’inceste sont massifs et systémiques. Selon un sondage IPSOS mené pour l’association Face à l’inceste en 2023, trois enfants par classe en sont victimes en France.
https://www.facebook.com/share/v/1Nbu5f9VkR/?mibextid=wwXIfr
À la suite de ces nombreux témoignages, j’ai auditionné l’association Face à l’inceste, qui joue un rôle central dans la sensibilisation et la lutte contre ces violences. Leur constat est sans appel : en France, les violences sexuelles incestueuses demeurent massives, systémiques et largement invisibilisées. L’association formule donc trois propositions concrètes et essentielles, déjà recommandées par la CIIVISE.
D’abord, elle appelle à rendre les crimes d’inceste imprescriptibles. L’ampleur et la gravité de ces violences justifient que les victimes puissent porter plainte à tout moment de leur vie. Parce que ces crimes mêlent trahison du lien familial et agression sexuelle, le silence, la peur et la dépendance retardent souvent la révélation de plusieurs décennies. La société ne tolère plus que le temps joue en faveur des agresseurs.
L’association insiste également sur la nécessité de protéger immédiatement les enfants. Trop souvent encore, ceux-ci doivent continuer de vivre ou de maintenir un lien avec un parent suspecté, alors que l’enquête pénale peut durer des mois, voire des années. Pour y remédier, elle propose la création d’une ordonnance de protection de l’enfant (OPE), qui permettrait d’écarter sans délai l’adulte mis en cause, le temps que la justice établisse les faits. Le principe est simple : protéger d’abord, instruire ensuite.
Enfin, elle demande d’élargir la définition de l’inceste aux cousins et cousines. Aujourd’hui exclus de la loi, ces liens familiaux représentent pourtant 20 % des violences recensées. Or, pour les victimes, la souffrance est identique : une agression commise dans le cadre familial, sur fond de confiance ou de dépendance.
Ainsi, 90 % des Français se déclarent favorables à ces mesures. Ce soutien massif traduit une exigence claire : notre société réclame des réponses à la hauteur, fondées sur la protection des enfants et l’exigence de justice !
https://facealinceste.fr
Proposition de loi n°819 sur la résidence alternée par défaut : Une fausse bonne idée !
La PPL n°819, qui veut instaurer une résidence alternée par défaut en cas de désaccord entre les parents lors d’une séparation, est une dangereuse régression. Derrière le discours d’égalité parentale, elle ignore les violences conjugales et intrafamiliales et place les enfants en première ligne. En instaurant une présomption légale, elle inverse la charge de la preuve : ce serait désormais au parent protecteur, le plus souvent la mère, de démontrer que ce régime est contraire à l’intérêt de l’enfant, ce qui est presque impossible en cas de violences sans condamnation. Rappelons qu’en 2023, les services de sécurité ont enregistré 271 000 victimes de violences commises par leur conjoint ou ex-conjoint, dont 85 % sont des femmes. Fermer les yeux sur cette réalité, c’est nier la protection des enfants et fragiliser encore celles et ceux qui subissent déjà ces violences. [...]
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1 octobre 2025Continuons sans relâche toutes et tous à défendre le droit à l’avortement
Ce dimanche 28 septembre 2025, à 13h, nous étions nombreuses et nombreux rassemblé·es à République pour marcher dans le cadre de la Journée mondiale pour le droit à l’avortement. Comme chaque année, cette date est l’occasion d’affirmer haut et fort que nos droits reproductifs ne sont jamais acquis et qu’ils restent menacés, en France comme ailleurs.
Ici, des décennies de luttes féministes ont permis l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution. La loi constitutionnelle du 8 mars 2024 a marqué une étape historique en reconnaissant la liberté des femmes à disposer de leur corps. Mais ce progrès juridique ne suffit pas : l’accès concret à l’avortement reste semé d’embûches. En quinze ans, 130 centres IVG ont fermé, le maintien de la clause de conscience limite encore la prise en charge, la transphobie exclut une partie des personnes concernées et les pénuries de pilules abortives, produites par un seul laboratoire en France, créent des inégalités insupportables. Les politiques d’austérité aggravent cette situation en fragilisant les services publics de santé.
En Europe, l’IVG demeure interdite à Malte et en Pologne, tandis qu’elle reste très difficile d’accès en Italie ou payante en Autriche et en Allemagne, en Hongrie les femmes sont obligées d’écouter le battement de cœur du fétus. La situation n’est guère meilleure ailleurs : aux États-Unis, l’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade a permis à plusieurs États d’interdire purement et simplement l’avortement, et dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine, il reste encore criminalisé. Toutes les 9 minutes dans le monde une femme meurt d’un avortement clandestin. Partout, la poussée des forces conservatrices et réactionnaires fragilise l’universalité de ce droit humain fondamental.
Le 28 septembre au soir, nous étions à la Maison de la Poésie pour la présentation de Lettres pour un avortement. Ce recueil, constitué par l’association Choisir la cause des femmes, rassemble des témoignages de femmes qui, dans les années 1970, écrivaient à des médecins pour obtenir un avortement clandestin. Dans ces lettres transparaissent la détresse de celles qui ne pouvaient accueillir un enfant, la fatigue de mères déjà accablées, la détermination de jeunes femmes à refuser une grossesse imposée. Ces récits rappellent la brutalité de l’interdiction de l’avortement et la nécessité des luttes féministes qui ont permis sa légalisation.
À cette occasion, l’association Aux avortées inconnues, initiée par Mariana Otero, a lancé un appel à ériger à Paris un monument en mémoire des femmes mortes des suites d’un avortement clandestin avant la loi Veil de 1975. Cet hommage est indispensable : au début du XXe siècle, on comptait près de 500 000 avortements clandestins par an, dont trois entraînaient chaque jour la mort d’une femme. Derrière ces chiffres, il y a les vies brisées et les injustices que nous avons le devoir de rappeler. Faire mémoire, c’est reconnaître que nos droits ont été arrachés au prix de souffrances immenses et affirmer qu’ils doivent encore être défendus sans relâche.
Rappelons ces mots toujours d’actualité : « Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. » Face aux menaces qui pèsent sur l’avortement, en France comme ailleurs, nous restons vigilantes et déterminés. La lutte continue, et partout des femmes et des hommes se lèvent pour affirmer que le droit de choisir son avenir, de disposer de son corps et de vivre libre ne sera jamais négociable. [...]
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