Le Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS) va-t-il améliorer les conditions d’accès aux soins ou les dégrader ? Alors que l’hôpital craque de toutes parts, que les soignants sont en grande souffrance et les patients en danger, la situation va-t-elle enfin changer ? C’est la question qui a déterminé notre vote à l’assemblée nationale.
Et la réponse est non. Nous avons donc voté contre.

Chaque année, on compte 80 Mds€ d’exonération de cotisations sociales dont près de 5,5 ne sont pas compensées par l’Etat, ce qui explique en grande partie la dette de la sécu. Avec le groupe écologiste et social, nous avons mené nombre de batailles. Presqu’aucun de nos amendements côté recettes n’a été soutenu par le gouvernement, ni contre les exonérations de cotisations, ni sur la contribution de l’industrie pharmaceutique qui dégage des profits colossaux, ni sur les primes d’intéressement des hauts salaires qui devraient être soumis à cotisations. Nous avons néanmoins gagné la hausse de la CSG sur les revenus du capital, mais dans une version épargnant la rente des propriétaires et les plus values financières à la demande de la droite. Nous avons gagné 4,5 Mds€ de compensation de l’Etat, mais sans aucune garantie de leur provenance dans le PLF à venir.
Notre détermination n’a néanmoins pas été vaine : nous avons réussi à supprimer nombre d’horreurs présentes dans le texte, concernant les apprentis, les chèques vacances, les tickets restaurant qui devaient être soumis à cotisation et surtout sur les pensions de retraites et minimas sociaux qui devaient subir une année blanche. Espérons que le renoncement au doublement des franchises médicales ne réapparaîtra pas par un décret ultérieur. Le décalage de la réforme des retraites, qui donne raison aux mobilisations sociales et politiques historiques de 2024 et constitue un gain d’un trimestre pour 300 000 personnes, a été adopté. Mais il reste d’autres “horreurs”, comme la chasse aux arrêts de travail, la tarification à l’acte dans le médicosocial, la taxe sur les mutuelles qui pèsera lourd pour les non salariés, chômeurs, retraités et indépendants, le bonus malus sur l’hôpital visant à imposer des coupes et la participation financière infligée aux étrangers hospitalisés.
Dans une situation de crise dans le bloc central, le groupe écologiste a pu jouer un rôle central dans les derniers “bougés” du texte. Sous notre pression, le gouvernement a été contraint d’augmenter les moyens de l’ONDAM (Objectif national des dépenses de l’assurance maladie). Mais pour nous le compte n’y était pas. On n’atteint pas le niveau de l’an dernier, en tenant compte de l’augmentation des besoins dû au vieillissement de la population. Ce budget ne permettra pas d’éviter de nouveaux drames aux urgences où des patients meurent de pathologies soignables avant même d’avoir pu voir un médecin…
Nous avons, tout au long de la bataille parlementaire sur ce texte, tenté d’arracher ce qui pouvait l’être, sans jamais renoncer à nous opposer à Macron et son gouvernement.
Au-delà de ce budget 2026, alors que la sécu fête ses 80 ans, ayons bien conscience que droite et extrême droite n’ont qu’un même projet, remettre en cause notre modèle de protection sociale. Mais comment battre l’extrême droite et gagner en 2027 quand la gauche est si divisée ? Nos différences sur le vote du PLFSS ne sont pas à minimiser : le PS a voté “Pour”, contribuant indirectement à sauver Lecornu. La FI a voté contre, comme nous, mais elle s’est opposée à certaines avancées comme le décalage de la réforme des retraites et une hausse de 3 Md€ de l’Ondam !
Et pourtant, ces vraies divergences stratégiques ne doivent pas nous faire changer de boussole : seule l’unité de toute la gauche sur un programme de rupture avec le macronisme permettra de battre le RN.
